Je me présente: Liza, la Russe rousse. Née et élevée à Moscou, je suis arrivée à Paris en 2001, en voyageant sur le nuage de ma culture.
Dès le début, j'ai constaté que l'offre culturelle russe se limitait souvent aux matrioshkas et au Lac des Cygnes. Alors, il y avait une place à prendre! La photographie russe contemporaine, vous la connaissez? Moi-même, je découvrais, petit à petit, les artistes, les oeuvres, je sélectionne celles qui possèdent une force visuelle et artistique, qui sont contemporaines et intemporelles à la fois. La passion, l'âme et l'amour sont les notions clés pour saisir ce pays mystérieux. Je suis persuadée que son art est un miroir édifiant d'état des choses et une clé d'entrée vers son appréhension.
Quand j’étais petite, je voulais être grutière, tout observer d’une hauteur vertigineuse, et diriger un processus complexe et important, en construisant des édifices.
En 2007, j’ai découvert comment atteindre mon rêve d’enfance: j’ai ouvert une galerie de photographie à Paris.
Je suis une découvreuse (espèce rare)
En plongeant dans les vagues chaotiques de l’internet, j’observe, je trie, je sélectionne les artistes, je présente leurs œuvres au public, à la presse, aux collectionneurs.
Beaucoup d'artistes ont montré leur travail pour la première fois avec ma galerie RUSSIANTEAROOM. Ma réussite la plus remarquée est de dénicher Oleg DOU, artiste phare de sa génération. Mais aussi de présenter les photographies de Sergey Maximishin hors du contexte photojournalistique, ses images étant des véritables tableaux. Ou encore de réintroduire au nouveau public le maître de la photographie humaniste Antanas Sutkus , avec plusieures expositions, et de belles parutions dans Le Monde, Figaro, Images, Eyemazing.
Je suis une « marchande d'amour ».
De vraies belles rencontres se sont faites dans ma galerie, entre une œuvre et un humain, quand les humains sont tombés amoureux des œuvres... Une œuvre possède une âme, une œuvre peut être aimée ou détestée, parfois vénérée et elle peut aussi vous faire du mal: je crois que c'est un peu un être vivant.
Mais aussi, je suis une sorcière rousse, je sais écouter la voix des objets, je sais animer et réanimer les lieux, sélectionner les bons ingrédients pour faire une belle potion d’exposition… Bref, je suis aussi une sorte d'artiste, je crée des expositions multifacettes, où les œuvres se parlent, se contredisent… Où l’ensemble n’est pas égal à la somme simple des éléments, mais devient une œuvre en soi, une œuvre polyphonique.
Aujourd'hui, ce qui m'intéresse le plus, c'est la création d'histoires, à travers les oeuvres, avec les oeuvres. Dans des lieux atypiques, en version pop-up. Je connais, depuis 10 ans, le mode de vie sédentaire d'un galeriste, qui, me semble-t-il, ne correspond plus au monde et son changement rapide. C'est excitant d'inventer un nouveau modèle, de combiner une présence sur internet et un contact physique dans la vie réelle. Quand tu vois 'en direct' chez quelqu'un qui regarde les oeuvres présentées l'oeil qui commence à briller plus fort - ça y est, il est connecté, mais cette fois-ci, il est tombé amoureux ! Et quand, grâce à moi, il peut importer cet objet réel, l'adopter, en jouir, le passer à ces enfants, tu te sens utile.
L'art. Connecting people.