(POUR L')HISTOIRE

Au début, je faisais les choses comme je les ressentais, suivant mon goût et mon intiution, faisant de mon absence d'expérience un plus. Pendant 4 ans, j'ai eu un petit espace inhabituel, cosy.

J'y ai moi-même collé aux murs du papier peint à fleurs et tous les visiteurs étaient accueillis comme des invités, parfois ils restaient pour un thé et un bavardage/conversation, certains devenaient amis ou clients par la suite. Cette simple et tendre vidéo par Erik Pezarro l'explique assez bien.

 

En 2011, Liza Fetissova Gallery a déménagé dans 200 m2 dans le Marais, le quartier principal des galeries à Paris. Le rez-de-chaussée était un cube pas blanc mais gris, la couleur qui permet de souligner la beauté des photographies. Et le sous-sol était un bel espace, une cave magique, avec l'atmosphère d'une salle à manger d'autrefois. Certains visiteurs le comparaient à une installation d'Ilya Kabakov. Beaucoup, une fois descendus, ne voulaient plus partir, passant des heures à boire du thé et à bavarder avec moi.

Sous-sol de la galerie. Photo par Celine Cruz

Désirant suivre les règles rigides du monde de l'art, j'ai respécté le jeu des plannings d'expositions, dossiers de presse, envois d'invitations... J'ai même développé un concept autour duquel je construisais le programme des expositions, inventant une carte mentale. "TIME-LIGHT-SPACE" forment un triangle crucial de la fondation de la photographie en tant que médium. Ces pierres angulaires réunies forment l'ethos de la galerie ". (dessin sur le mur de la galerie par Natalia Taravkova)

Ce grand espace m'a permis de concevoir des grandes expositions, version solo ou en groupe, travaillant mon oeil de curateur, mon approche pour montrer la photographie. Mes favorites sont:  "Les inédites" d'Antanas Sutkus, "Lost and the Landscape" de Fernando Brito, les juxtapositions entre Sergey Maximishin et Jiri Hanke ("Story and History") et entre Jean-Philipe Charbonnier et Antanas Sutkus ("Amours libres"). Mais la meilleure exposition, pour moi, fut "Les corps révélés". Je ne fais jamais d'esquisses ni de plan d'accrochage préalable comme c'est la coutume. Souvent, comme un chef cuisinier, j'imagine dans ma tête le bon mélange d'ingrédients, et ensuite, quand les oeuvres sont alignées par terre, contre les murs, je passe plusieurs jours à les bouger dans l'espace pour trouver LA place pour chacune, entre elles, pour qu'elles se parlent, créant un ensemble harmonieux. Pour "Les corps révélés", c'était magique. L'accrochage fut rapide, un accord parfait. J'ai senti que Le Dieu des galleristes me guidait.. C'était comme une gentille bénédiction..

Et.. après 3 ans the marathon dans le grand espace, le bouquet final -  "HAPPY!" - une grande fresque, un accrochage monumental de 144 oeuvres, couvraient les murs de la galerie, à l'ancienne, du plafond au placher.

Après 2 ans de parenthèse bruxelliose, avec un show-room, de retour à Paris, oùLiza Fetissova version 2.0 s'est installée dans un magnifique endroit très spécial - chez Central Dupon, une de plus anciennes laboratoires photographiques de la capitale, sous une verrière d'atelier de 150 m2. 

Ce lieu magique m'a inspiré ma meilleure exposition à ce jour - "Au nom de Baboushka"... basée sur mon histoire personnelle, et aussi sur l'histoire de n'importe qui. Cette même exposition a permis au spectateur de s'y plonger, l'art servant de guide et vous mettant dans un état d'esprit particulier et un voyage de mémoire.

5 expositions réussies plus tard, je me suis déplacé vers l'espace... Je suis devenue mère.

3 ans après, la galerie s'est installée dans un endroit étonnant - une ancienne marbrerie funéraire, dans le 16ème arrondissement.. 

Et la drenère année est concacrée au déveleppement du nouveau concept d'exposition-expérience: JARDON SECRET. Dans un appartement privé, une sélection d'oeuvres d'art est un portrait psychologique du propriétaire du lieu. Immersive et intimiste.