Avec: Pavel Banka, Galina Chirikova, Anna Danilova, Oleg DOU, Chris Fortescue,
Jiri Hanke, Sergey Maximishin, Evgeny Mokhorev, Igor Moukhin, Shunsuke Ohno, Margo Ovcharenko, Dmitry Sokolenko, Antanas Sutkus, Dasha Yastrebova, Maria Yastrebova, Sonia & Mark Whitesnow
Vous aimez quoi dans l’art ?
Moi – la vérité, la sincérité, la force, l’émotion, la beauté, l’imprévu… car il se crée, avec une œuvre d’art, un échange, une sorte de conversation infinie, comme avec les êtres humains, à l'instar de ces débats interminables autour d'un thé ou d'un verre avec les gens que j’aime.
Depuis ma plus tendre enfance, je vais dans les musées, grâce à ma mère. Depuis 8 ans, je regarde, je sélectionne, je montre, j’explicite, j’écris sur les œuvres d’art que j’aime.
Chaque fois, ces raisons sont différentes.
Mais chaque fois, je suis infiniment HAPPY de pouvoir le faire.
Et cela va, je crois, au delà d’une simple (et difficile) possibilité de faire ce qui me plaît.
J’ai l'impression que je crée, moi aussi, quelque chose, en présentant ces artistes venus de loin ; que je participe, d'une certaine façon, à la transmission d'un propos. Dès lors que je prépare une exposition, que j’accroche les tirages, je raconte une histoire, mon histoire, celle de mon pays, mais aussi celle qui va bien au-delà. Celle d'un être humain.
Je souhaite aujourd'hui vous présenter, dans sa totalité, tous les artistes que j’aime, que je montre et défends à la galerie Russiantearoom depuis 8 ans.
Pour cette exposition, à l'image de ces cabinets de collectionneurs du XVIIIème, les tirages vont remplir intégralement la galerie, cherchant, trouvant leur rythme ; ils communiqueront entre eux, dans un jeu de correspondances, aussi bien formel que thématique ou encore stylistique : les images gogoliennes, aux couleurs éclatantes, de Sergey Maximishin, le plus important photo reporter Russe, façonnant de saisissants portraits de la Russie, ce pays « sans plancher ni plafond » côtoieront les tirages en noir et blanc du grand photographe humaniste Lituanien Antanas Sutkus, qui réussissait, comme personne, à capter la fierté et l’amour avec grâce et sincérité, dans un contexte photographique qui ne le permettait pas, en pleine époque soviétique. Les photographies d’Igor Moukhin, à la propension cinématographique, est un des meilleurs exemples de Street Photography russe, couvrant à la fois l'époque euphorique de la Perestroïka mais aussi celle, quasi désespérée, de la Post-Perestroïka. Les portraits tendres et respectueux d'enfants et d'adolescents, troublés par le passage à l’âge adulte, du photographe Evgeny Mokhorev feront écho aux visages mi humains et ensorcelants de l'artiste Oleg DOU, découvert par la Russiantearoom et désormais connu internationalement. Cette exposition présentera également un étonnant témoignage d'un photographe d'Allemagne de l’Ouest, Peter Bock-Schroeder, à l'issue d'un voyage en 1956 en URSS accompagnant une équipé de tournage pour la réalisation d'un film documentaire sur le pays. Cet aspect testimonial de la photographie, se retrouve également dans la série du photoreporter mexicain, Fernando Brito, présentant des gisants (les victimes de la guerre entre narcotrafiquants) fondus dans le paysage. Dans un tout autre registre, les tirages élégants et sensuels de l'artiste tchèque Pavel Banka dialogueront avec les manipulations digitales et sémantiques de l’Australien Chris Fortescue. Quant au récit photographique du photographe Jiri Hanke, couvrant une période de plus de vingt ans, intitulé « Vues de ma fenêtre », qui narre d’une manière simple, graphique, et poétique les changements de son pays, la Tchèquie, à travers un seul et même dispositif, il sera associé aux sublimes paysages du photographe Japonais Shunsuke Ohno et aux élégantes natures mortes de l'artiste autodidacte Galina Chrikova. Les métaphores conceptuelles de Dmitry Sokolenko seront ainsi révélées au même titre que l'oeuvre photographique de jeunes femmes photographes - Margo Ovcharenko, Anna Danilova, Maria Yastrebova ou Tania Leshkina ou encore du duo d'artistes Sonia & Mark Whitesnow. Chacun, à sa manière, nous livre sa vision du corps, du portrait, parfois torturé, parfois épuré, parfois « juste » beau.
Finalement, en écrivant ces lignes, j'ignore encore moi-même ce que ce mélange pourra produire...
Et oui, rien n’est jamais définitif... quand on choisit des images pour une exposition, qu'on les dispose au mur, on les mélange, les juxtapose, les "met au pied du mur", souvent de manière intuitive, et on ne comprend souvent qu'ultérieurement le sens de cet agencement. On fait et défait, on ajuste et réajuste, dans un perpétuel recommencement. Plusieurs fois que j’ai été surprise, après avoir fini mon accrochage, quand MON exposition me menait bien au-delà de ce que j’avais envisagé dans le dossier de presse… Pour cette exposition, l’idée était de prolonger et intensifier ces expérimentations en regroupant toutes ces œuvres dans une grande fête photographique, de la totalité des artistes de la galerie que je représente depuis maintenant 8 ans… Et ce faisant, je succombe ainsi à ma passion pour l'image et la photographie… et je suis très très HAPPY.