ANALPHA-BETES
Art contemporain & « Fake News » médiévales
La galerie LIZA FETISSOVA (anciennement Russiantearoom Gallery) présente, pour la toute première fois en France, l’artiste Anna PAVLOVA et propose l’exposition ANALPHA–BETES : un clin d’œil d’art contemporain et de « Fake News » médiévales pour une critique à peine masquée de nos usages. En partenariat avec la Galerie Transatlantique, 31 rue de Verneuil, Paris 7ème - VERNISSAGE : 12 décembre ; EXPOSITION : du 13 décembre 2019 au 31 janvier 2020.
Un masque d’animal : des oreilles, des pattes, des moustaches, des poils… Des œuvres qui parlent à tous et qui normalement n’ont pas besoin d’explication. Pourtant pour l’artiste Anna Pavlova, ces masques en céramique, argent et pierres précieuses prennent une toute autre allure.
Certes, vous pouvez les appréhender simplement, devinant l’animal d’origine, l’apercevoir comme le concevait les ancêtres d’Anna Pavlova, quand la main du créateur leur donnait des formes approximatives, quand la notion principale était celle de l’âme et de la personnification de forces supérieures. Ce masque de rhinocéros, par exemple, avec sa corne proéminente et de grosses pierres scintillantes : les signes de sa puissance et de son autorité. Au premier regard on comprend que ces masques sont nés de l’imagination d’une artiste russe inspirée autant par la nature que par la démarche de l’artisan d’autrefois. Pourtant leur histoire est plus complexe. Les œuvres céramiques d’Anna Pavlova nous invitent à faire un curieux voyage dans le temps, qui nous ramène au « nous » d’aujourd’hui.
L’artiste est passionnée par les « Slavons », ses aïeuls d’époques très lointaines. Pour partager leur savoir et apprivoiser leurs peurs, les Slavons ont créé un drôle d’alphabet où chaque lettre correspond à la première lettre du nom d’un animal. Chacune des lettres est donc représentée par cet animal, dans une description qu’on qualifiera de fantaisiste :
« Le lièvre, parmi les animaux, est propre et peureux. On dit que le lièvre, pendant un mois est un mâle, et pendant l’autre – une femelle. C’est pour cette raison qu’il a une telle progéniture ». Ou encore : « Crocodile a la particularité suivante : il remplit sa bouche avec de l’eau et la verse sur le chemin emprunté par des animaux. Des animaux qui glissent, tombent, et alors qu’ils se relèvent, le crocodile accourt et les mange ».
Ce sont les propos d’hommes qui observaient la nature proche, ou qui obtenaient des informations de sources étrangères sans avoir jamais vu d’animaux exotiques. Pour eux, ces définitions étaient justes et vraies, et ne sont ni fabulation ni mensonge… Ou peut être serait- ce tout de même de la manipulation ?
Anna Pavlova a d’abord choisi de donner une forme physique à ces portraits animaliers. Cette interprétation artistique singulière pourrait s’arrêter là mais le propos de l’artiste va plus loin. A quel point est-on différent de nos ancêtres ? Avec la vitesse de l’information, la mondialisation, la circulation dite libre - est-on vraiment mieux renseigné, plus alerte, plus curieux, plus heureux ?
Autrefois, un homme était submergé par la grandeur du monde, son ampleur, ses richesses inexplorables. Aujourd’hui, l’homme est devenu tout petit devant une avalanche d’informations, une accessibilité permanente et des potentialités immenses.
Pour donner de l’ordre à ces volumes de connaissances, on est obligé de trier, de systématiser, de rechercher des sources fiables. Trop d’information à notre disposition est fausse ou erronée… Comment trouver la vérité ? Alors finalement, retour au point de départ avec les ancêtres pour constater que rien a changé ! Nous sommes toujours aussi vulnérables face à l’impossibilité d’obtenir des renseignements corrects. Chez Anna Pavlova ce phénomène de décalage entre nos prétendues connaissances et la réalité prend une forme métaphorique. Un air de déjà vu avec le masque d’animal. Ils deviennent les symboles de « fake news » dans notre monde presque virtuel où nous sommes aussi ANALPHABETES, habitués dorénavant à mesurer le niveau de notre éducation par notre capacité à chercher et trouver la bonne info.
Ces bêtes pas si bêtes, vous invitent à visiter leur réseau social médiéval à l’occasion de l’exposition ANALPHA-BETES, du 13 décembre 2019 au 31 janvier 2020.
31 rue de Verneuil, Paris 75007. Horaires: Mardi-Samedi, 14-19 h.
Texte : Liza Fetissova
