La galerie LIZA FETISSOVA présente « VIVE LA FRANCE ! », l’éclectisme averti, rayonnant et résistant de 9 photographes français dans une exposition sur l’avant et l’après !
En partenariat avec la Galerie DUREV Events, 56 bd de la Tour Maubourg, Paris 7ème –
Je suis parisienne depuis 20 ans … les français, j’ai appris à les connaître dans cette ville. Je maîtrise la langue française grâce à cette ville. C’est ici que je suis tombée amoureuse de la photographie, qui a pris tant de place dans ma vie. C’est ici qu’est né mon fils.
Pour moi, Paris, c’est la France, en quelque sorte (ne vous méprenez pas !).
Dans cette ville pleine de bruit, de passants, du brouhaha des foules ou des manifestations, des restos, de la vie… où la plupart de quartiers ne connaissent pas le silence… c’est ici qu’on a constaté le changement le plus radical, le plus flagrant, le plus évident : de ‘l’avant’ et de ‘l’après’ la pandémie. Du plein au vide, au demi plein. Un vrai temps de mise en pause, en suspens… Un examen !
Chacun a vécu ce confinement comme il a pu.
Et maintenant, que l’on réapprend, que je réapprends à respirer, à sortir, à faire des projets (des vacances, encore – on est en France) j’aimerais parvenir à saisir ce moment unique de redécouverte et d’observation intense. Avec la photographie, bien évidemment.
L’exposition Vive la France! tente de capter, tendrement, avec un brin d'ironie douce, la ville vide et non vide de Paris. Paris qui n’est vide qu’en apparence et ces métaphores photographiques sont comme les clés d’une énigme, des pistes possibles : que se passe-t-il derrière les rideaux et les stores tirés ? Qu‘est ce qui nous donne de la force et de l’espoir ? En fait, comment appréhender le vide ? Ne pas en avoir peur ?
Vous entendez vos pas retentir dans les salles désertes du château de Versailles (par Patrick Tourneboeuf )? Les murs rouges vertigineux avec les belles patines nous absorbent et nous transportent dans une autre dimension… leur force d’œuvre abstraite est en contrepoint avec la peinture monumentale d'Horace Vernet en arrière plan "La prise de la smalah d'Abd el-Kader par le duc d'Aumale à Taguin, 16 mai 1843" réalisée sur place en 1843, qui nous ramène a nos réalités humaines. Sauf si vous préférez rester dans l’inconnu de l’abstrait ?
On ne peut pas penser Paris sans la Tour Eiffel… sous une cloche (par Philippe Tarabella) ou sous de jolies jambes (par Pierre Boulat). Elle se dresse toujours fièrement, contre vents et marées.
Paris est-il vide ? Jamais ! Ses habitants tenaces sont ses sculptures omniprésentes. Certaines symbolisent la main ferme du pouvoir et ses victoires passées - comme celle de Napoléon, un symbole toujours inébranlable, constant, de la République et de ses valeurs.
Les figures de la porte de l’Enfer de Rodin, sublimées par Bruno Aveillan nous apparaissent dans le halo de leur aura, celle d’une œuvre d’art, mais aussi de l’humain, dans ses expressions de puissance autant que de résistance ou de déchéance. Il y a aussi des statues anonymes, comme celle de la photo de Philippe Tarabella - sans bras. Elle est toute en tendresse, en féminité, comme désir abrégé. Elle nous rappelle nous-mêmes, incapables de réaliser nos aspirations, obligés de réduire à néant les contacts physiques avec autrui.
Les vitrines d’Alain Cornu récréent parfaitement l’ambiance de la ville en suspens comme mise entre parenthèses. Et on ne peut qu’adorer ses reflets, ses courbes, leur plastique unique. Cette ville nous dit qu’elle est libre, indépendante, belle et qu’elle peut même se passer de nous ! Sinon, elle pourrait aussi se révolter – et le feu de Notre-Dame sur les photographies de Cyrus Cornut va nous remettre à notre place, celle de petits êtres, impuissants devant la colère des Dieux de Paris.
Heureusement Madame la Flore, la belle nature, nous donne de la couleur, de la résistance. Comment trouver de l’inspiration dans un tas de fruits et de légumes. Ces derniers et le photographe, Régis Figarol, sont bien enfermés sans permission de sortie? Entassés, à l’étroit, chacun se montre si peu, mais notre œil en prolonge bien les contours, la peau lisse, veloutée ou rugueuse, à facettes, qui se prête aux caresses. On peut même sentir leur odeur. Décidemment, nos sens se sont aiguisés pendant cet enfermement!
Enfin les fleurs d‘Angel de Munter sont une gorgée de couleurs dans une période creuse, des végétaux que l’artiste passe en noir et blanc pour ensuite les re-coloriser à sa guise : la forme reste intacte, mais pas le contenu… Encore une leçon de vie ?
Va-t-on tout de même autoriser dans ce rassemblement la présence de quelques humains ? Trois icônes du style sur les photos du mythique Roger Schall – Coco Chanel, Marlène Dietrich et une jeune Demoiselle – pour nous mettre le dos droit, regard haut, faire aimer l’indémodable – le chic parisien. Chic qui ne s’apprend pas et sans lequel Paris n’est plus Paris.
Et sans les amoureux de Paris – que ferait-on ? Les voilà ! Et même les grilles ne sont plus un obstacle !
Vive la France ! Vive Paris ! Vive la vie !