On peut définir l'oeuvre de Dmitry Sokolenko comme la photographie conceptuelle dans le cadre de laquelle il a élaboré un procédé artistique original. Ses travaux semblent suivre la tradition de Vassili Kandinski. De manière analogique Sokolenko travaille avec des formes simples, le point et la ligne sur le plan, en utilisant une quantité limitée de moyens visuels. Cependant ses principes se distinguent foncièrement. L'auteur caractérise lui-même sa position créative comme "un lecteur" en soulignant l'importance du composant verbal. Le titre de l'œuvre (le texte verbal qui définit la conception et donne les limites de sa lecture) et la photo (le texte visuel qui illustre la conception) se produisent comme les deux parties recevantes la signification seulement dans l'unité. Entre le nom et l'image, il y a des relations sémantiques complexes qui engendrent un nouveau message du plus haut niveau.
La tâche formulée dans la conception peut se décider par l'utilisation de techniques diverses (la peinture, l'installation etc). Mais l'exploitation des moyens de la photographie pour la création de cette manifestation artistique donne une nouvelle qualité à la tâche conceptuelle. Comme résultat nous avons l’effet de la chasse à l'objet, la rencontre avec lequel devient imprévisible, et les recherches de la matière graphique concrète demandent quelque temps. Le choix lance les mécanismes irrationnels de l'inspiration, il a le caractère accidentel et subjectif. Dans cette situation, il est nécessaire de rencontrer et, c'est l'essentiel, d’identifier l’image décrite par le sujet et la conception. Un spectateur voit les formes universelles qui pouvaient être d'abord n'importe quoi. Par exemple, une photo du fragment du panneau publicitaire fixée par l'appareil photographique d'amateur, un dessin sur la boîte pour chaussures fixé par l'équipement scientifique spécial ou une composition scannée du paquet des cigarettes - dans tous les cas, le spectateur ne connaît pas l'origine de l’image.
Une place spéciale dans l'oeuvre de Sokolenko occupe le projet «XIX» (2007) consacré à l’interprétation des voies du développement de la littérature russe. Les oeuvres de la littérature classique de XIX siècle qui sont déjà une chrestomathie («Guerre et Paix» de Tolstoï, «Crimes et Châtiments» de Dostoïevski...) donnent les nom à 12 travaux du cycle. L'auteur aligne la succession des photos selon la chronologie de la création des livres. Le recours aux plus importantes oeuvres actualise des points douloureux qui sont devenus clés pour la mentalité russe. Une personne et la société, le remplacement des générations, la relation entre la Russie et l'Europe, l'âme énigmatique russe et le déséquilibre de la vie sociale dans l’Etat, la raison et la folie … La série s'ouvre par l’image avec une sphère qui ne peut pas s'inscrire dans toutes les cellules carrées du réseau unifiant. Cette image correspond au héros agité de la pièce «Le Malheur d'avoir trop d'Esprit» d’Alexandre Griboedov, le diplomate russe, tué à Téhéran. Le premier tableau se lie avec le dernier, inspiré par la nouvelle de Tchekhov «La salle numéro six» où il s'agit de l'asile d'aliénés. Le début et la fin du cycle ferment le cercle et créent l'effet de la rotation sémantique – semblable à la course des aiguilles qui font le tour du cadran.
Artyom Magalashvili, critique d'art, PhD