« VOIDENTITY reflète un état de dépersonnalisation, la perte de conscience de soi, ce changement de perception du temps et de l’espace mais aussi la terrifiante absence de ressenti. Bien que j’utilise pour la plupart de mes photographies le déclencheur pour mes autoportraits, pris dans l’espace vide de ma chambre blanche, mon visage n’est que très rarement visible. D’une certaine manière, c’est une métaphore de la perte du savoir de soi, comme ne plus avoir conscience qu’on existe. C’est le récit personnel d’un sentiment de distorsion et de séparation par rapport à son propre corps et son être, c’est relaxant, comme un isolement, comme penser sans ressentir, de manière détachée du passé, du futur, ou du présent ; qui n’existe qu’à cette seconde précise. Durant ces journées-là, je m’étais habituée à ne pas quitter la maison, j’étais abasourdie comme si mon corps ne faisait pas partie de moi. J’étais comme en apesanteur, même ma propre voix me paraissait étrangère. Chaque pensée comptait particulièrement et m’entourait de sa présence, même la plus insignifiante. Je flottais ; je ne me sentais plus totalement moi-même, mais n’avais pas l’impression d’être quelqu’un d’autre pourtant.

Vous êtes-vous déjà identifié par rapport à un personnage de roman, dont vous vous seriez imprégné, qui vous aurait inspiré ou peut-être aidé à vous comprendre un peu mieux vous-même ainsi que les autres qui vous entourent ? Je veux que mes travaux créent cette même démarche et cette même impression, afin qu’au moins une personne réalise qu’elle n’est pas la seule à vivre ce genre d’expérience en entrant dans la galerie. »