Jiří Hanke et Sergey Maximishin "STORY AND HISTORY"
3 novembre 2011 — 22 décembre 2011
Paris

Pour sa deuxième exposition rue Volta, RTR Gallery présente la série « Vues de ma fenêtre » (1981-2003) du Tchèque Jiří Hanke et un choix de pièces du Russe Sergey Maximishin. Cette exposition poursuit le travail d’exploration de la carte mentale de la photographie, en explorant cette fois-ci les axes du Temps et de la Vérité. *

En réunissant ces deux artistes dans une exposition intitulée « Story And History », la galerie RTR souhaite étudier la capacité fondamentale de la photographie - de raconter des histoires et d’accompagner ou même parfois d’écrire l’histoire. 

Au croisement de ces valeurs essentielles de vérité et de temps, Maximishin et Hanke explorent le thème du témoignage de deux façons tout à fait complémentaires : photojournalisme d’un côté, photographie documentaire de l’autre.

C’est la différence entre le photographe assis et le photographe qui court’, s’est exclamé Maximishin en découvrant le projet de l’exposition. De fait, la tentation est grande de comparer les résultats d’un travail d’affut, de chasse à la photo révélatrice d’une vérité cachée et ceux d’un projet minutieux, immobile, distancié, qui construit aussi l’histoire par accumulation des photos. 

Et pourtant. Passée la première envie de considérer le travail de Hanke comme une chronique indivisible s’étendant sur 20 années d’histoire chaotique, force est de constater que chaque pièce vit en parfaite autonomie. Sa plasticité, pourtant reproduite tout au long des clichés (cadrage identique, effets de focale rares, plongée verticale systématique) ne raconte jamais la même histoire. ‘Vous n’avez pas besoin de quitter votre maison. Restez à votre bureau, et écoutez. Vous n’avez même pas besoin d’écouter, attendez simplement. Le monde se livrera à vous pour que vous le découvriez, il ne peut pas faire autrement’ (F. Kafka)

A l’inverse, si les vues de Maximishin semblent totalement cohérentes, finies au sens où une histoire l’est, elles dessinent ensemble une chronique ; pas seulement celle d’un pays ‘sans plancher ni plafond’, pour reprendre son expression désignant la Russie, mais aussi celle de notions philosophiques qui se répondent d’une pièce à l’autre : le mal, le plaisir, la foi, la puissance, l’isolement, la violence. 

La confrontation de ces deux approches qui ont choisi l’une d’immobiliser le temps, l’autre l’espace, est génératrice d’un étonnement profond. Elle provoque indiciblement un effet d’écho, de voix qui se répondent, comme deux écritures qui se mêleraient pour relater une même Histoire, sans jamais se répéter, et qui, dans leur plastique et leur narration, se retrouvent de manière naturelle et définitive dans une démarche artistique.

Chacun de ces projets renvoie à un combat personnel pour une autre vérité, un autre temps, dans des contextes où la seule photographie autorisée pour les explorer était celle de la propagande.