Marcin Sobolev, jeune artiste de 27 ans, d’origine russe, réussit brillamment le pari d’adaptation du langage plastique folklorique à la lecture contemporaine. Il emploie les moyens laconiques et la palette de couleurs qui ne se mélangent pas. Le penchant de Marcin Sobolev pour les marginaux, criminels, se transforme en un discours poétique et tendre. Et elle est renforcée par sa propre expérience :

« L’enfermement conduit souvent à la création pure. Il m’est arrivé d’être emprisonné pour avoir voulu imposer mon art aux yeux du commun des mortels. C’est dans une cellule, un soir d’hiver, que j’ai remarqué le potentiel artistique des incompris. Un monde qui mélange criminels, partisans à la liberté, simples vendeurs à la sauvette et prostituées. Un monde qui dérange car mieux vaut être discret plutôt que de traîner le masque de la honte tout au long de sa vie. Devant mon repas, il y avait ce carrelage jaune défraîchi gravé de milliers de symboles et d’écritures dans toutes les langues et tous les dialectes possibles. Il m’a fallu des heures pour tout déchiffrer, tout lire, tout analyser. Enfin, à l’aide d’un bout de ma fourchette en plastique et d’un haricot rouge, j’ai ajouté ma touche personnelle… Sur le côté droit de la porte, à environ trente centimètres du plafond verdâtre, une gravure réalisée avec soin et technique accrochait constamment mon regard. Il était inscrit : NINA JE T’AIME ! 25 JOURS. WOWA. VILNIUS. 1981. »